Au fait, que signifie vraiment « être bilingue »?

Près de la moitié de la population mondiale est considérée comme bilingue. Mais que signifie être bilingue, au juste ?
etre bilingue

Saviez-vous que près de la moitié de la population mondiale considère être bilingue ? Ce chiffre, qui peut paraître étonnant de prime abord, est souligné dans les recherches sur le bilinguisme meneés par Ellen Bialystok, une psychologue et professeure canadienne de l’Université York de Toronto.

Après avoir reçu son doctorat en 1976, avec une spécialisation dans le développement cognitif et langagier chez les enfants, ses recherches se sont ensuite focalisées sur le bilinguisme, de l’enfance jusqu’aux âges les plus avancés. Avec une question centrale : le fait d’être bilingue affecte-t-il le processus cognitif ? Si oui, comment ? S’agit-il des mêmes effets et/ou conséquences selon qu’il s’agit du cerveau d’un enfant ou d’un adulte ? Comment les enfants deviennent-ils bilingues ?

Si vous êtes en train d’apprendre une langue avec Babbel, vous rêvez certainement de pouvoir sauter toutes vos leçons et, d’un simple claquement de doigts, devenir parfaitement bilingues. Cela n’est malheureusement pas possible !

Pour nous faire pardonner, nous allons vous livrer dans cet article quelques clés pour comprendre ce que signifie vraiment « être bilingue », quels sont les différents types de bilinguisme et, peut-être, vous en inspirer afin d’optimiser l’efficacité de votre apprentissage des langues.

Quels sont les différents types de bilinguisme ?

Que signifie vraiment être bilingue ? On dirait d’une personne qu’elle est bilingue si elle est capable de communiquer dans deux langues, aussi bien sous une forme active (parler, écrire) que sous une forme passive (écouter, lire). Cependant, contrairement à ce que l’on pense généralement, une personne bilingue n’excelle pas forcément dans les deux langues. C’est souvent le cas des enfants bilingues issus de l’immigration qui utiliseront plus aisément la langue utilisée dans leur scolarité pour parler de sujets abstraits (art, philosophie…).

Aussi, s’il existe différents types de bilinguisme, ils ne doivent pas être confondus avec la capacité à parler « couramment » une langue. Apprendre à parler couramment anglais avec Babbel est aisément possible : cela suppose simplement d’être capable de communiquer dans cette langue, même en faisant quelques erreurs.

5 façons d’être bilingue…

L’âge d’acquisition d’une langue joue un rôle déterminant dans le bilinguisme d’une personne. On distingue cinq types de bilinguisme :

  1. Le bilinguisme précoce simultané : apprentissage de deux langues dès la naissance. C’est le cas des personnes qui ont deux parents avec deux langues maternelles différentes.
  2. Le bilinguisme précoce consécutif : apprentissage partiel d’une langue dès la naissance, avant d’en apprendre une seconde langue dès la petite enfance. C’est le cas des enfants qui sont, par exemple, gardés par une nourrice parlant une langue étrangère.
  3. Le bilinguisme tardif : apprentissage d’une seconde langue dès l’âge de 6 ans, à partir de la langue maternelle.
  4. Le bilinguisme additif : atteinte du bilinguisme grâce à des cours de langue.
  5. Le bilinguisme soustractif : apprentissage d’une seconde langue au détriment de la première.

… pour 5 degrés de bilinguisme

Parallèlement à ces cinq façons de devenir bilingue, on distingue cinq degrés de maîtrise du bilinguisme :

  1. Le « vrai » bilinguisme : maîtrise parfaite des deux langues, capacité à s’exprimer dans tous les registres, sur tous les sujets.
  2. Le « semi-linguisme » : niveau de connaissance des deux langues égal, même si aucune des langues n’est réellement maîtrisée. C’est par exemple le cas des enfants qui apprennent deux langues en même temps.
  3. L’« équilinguisme » : maîtrise des deux langues de la même façon, sans pour autant atteindre le niveau d’un locuteur natif.
  4. La diglossie : utilisation de chaque langue dans un contexte spécifique. Au Paraguay, il est courant de rencontrer des personnes qui parlent à la fois le guarani (utilisé dans la vie de tous les jours, avec la famille, les amis, les collègues…) et le castillan (utilisé à l’école, dans ses relations administratives, dans un cadre formel…). Les langues régionales comme l’occitan, le basque, ou le breton peuvent également relever de la diglossie.
  5. Le bilinguisme passif : comprendre une langue sans être capable de la parler. C’est le cas de l’auteur de ces lignes, parfaitement capable de comprendre le khmer à l’oral sans pour autant être capable de le parler, de le lire, ou de l’écrire.

Les conséquences du bilinguisme sur le cerveau

Jusqu’au milieu du XXe siècle, le bilinguisme était accusé de tous les maux : responsable d’enfants confus, retardant le développement cognitif, empêchant la réussite scolaire et l’ascension sociale…

À lire sur le Babbel Magazine : comment le bilinguisme m’a presque rendu fou !

Aujourd’hui, tout le monde s’accorde pour dire que le bilinguisme ne génère aucun effet négatif. En nous basant notamment sur les recherches d’Ellen Bialystok, nous pouvons distinguer trois grandes conséquences positives du bilinguisme sur le cerveau.

Les conséquences positives

Il existe trois principales conséquences positives au fait d’être bilingue.

— Retarder les symptômes de démence et la maladie d’Alzheimer

L’une des études d’Ellen Bialystok a porté sur 450 personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, tous présentant les mêmes symptômes au moment du diagnostic. La moitié de l’échantillon était des personnes bilingues, ayant activement parlé au moins deux langues de façon régulière dans leur vie.

Ses recherches ont montré que les patients bilingues ont commencé à ressentir les symptômes de la maladie quatre à cinq années plus tard que les monolingues. Elle en conclut qu’être bilingue n’immunise pas contre Alzheimer, mais offre un répit.

Dans le même ordre d’idée, en 2013, la chercheuse indienne Suvarna Alladi a publié une étude portant sur 648 personnes, montrant des résultats similaires.

L’explication serait que lorsqu’on vieillit, le bilinguisme aiderait à préserver les matières grises et blanches, essentielles pour nos capacités cognitives. En outre, le fait d’apprendre une langue, même à un âge avancé, augmenterait la matière grise. Il n’est donc jamais trop tard pour commencer à apprendre une langue avec Babbel !

— Un cerveau plus efficace

Être bilingue est souvent décrit comme un jonglage permanent entre deux langues. En voyant une voiture, un bilingue franco-espagnol pensera à la fois au mot voiture et au mot carro. S’il se trouve avec un autre français, il parlera d’une voiture, inhibant le mot carro, qui reste pourtant quelque part au fond de sa tête.

Les recherches d’Ellen Bialystok ont montré que ce « double circuit », à force d’être sollicité, renforce le système de « contrôle exécutif » du cerveau, comme si le bilinguisme « musclait » cette partie de notre organe.

De la même manière qu’un athlète qui s’entraîne réussira à soulever un poids plus élevé qu’une personne normale, les bilingues sont donc mieux entraînés pour réaliser certaines tâches cognitives : faire plusieurs choses à la fois, résoudre des conflits, passer rapidement d’un ordre à un autre, inhiber une action.

Être bilingue développe la créativité

Plusieurs études affirment en outre que le cerveau des personnes bilingues serait plus créatif que celui des unilingues. La première étude sur ce sujet a été réalisée au Québec en 1962, et concluait qu’être bilingue offrirait un réel atout sur le plan cognitif, notamment en termes d’ouverture d’esprit, de créativité, et de flexibilité. La méthodologie employée lors de ces études est néanmoins régulièrement contestée : échantillon trop faible, biais externes, environnement social privilégié…

Enfin, il existe une conséquence non pas positive ou négative, mais neutre : les bilingues mettraient plus de temps pour choisir leurs mots, et auraient moins de vocabulaire. Si l’on demande, par exemple, à un bilingue de nommer le plus de fruits possible, il mettra plus de temps à arriver au nombre de fruits cités par un monolingue.

Cette lenteur n’est pas en soi négative. Elle peut même être perçue comme une certaine forme de sagesse, à laquelle l’apprentissage des langues ne serait d’ailleurs pas étranger !

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