Mot oublié ? Le guide ultime pour pallier les trous de mémoire

Un problème bien connu et qui ne date pas d’hier : souvent, lorsqu’on parle une langue étrangère, certains mots nous échappent. Ces quelques techniques peuvent vous aider à faire face à ce genre de situations.

Illustration de Sveta Sobolev

Cet article s’adresse à tous ceux dont le front perle, l’estomac se noue, le rouge monte aux joues, qui ne peuvent que bégayer un misérable « heuuu » lorsque, par malheur, ils ne trouvent pas le mot qu’il faut dans une langue étrangère. Et croyez-moi, cela arrive souvent : on est plein de confiance et d’un coup, le mot juste nous glisse entre les doigts. Ou alors, on réalise qu’on ne l’a simplement jamais appris. Discuter avec des gens de langue maternelle étant essentiel pour faire des progrès, le fait de ne pas toujours savoir comment s’exprimer ne doit pas vous couper dans votre élan et vous empêcher d’entamer des conversations par peur qu’une telle situation se produise. Il existe justement des techniques très pratiques qui peuvent vous aider à vous en sortir, et que vous connaissez peut-être déjà. Cet article dresse une liste des réponses possibles aux trous de mémoire. Il ne vous reste plus qu’à intégrer ces quelques astuces et à les utiliser au moment opportun.

Préparez vos conversations

Avez-vous déjà présenté un exposé ou donné une conférence à froid ? Certainement pas : il est essentiel de préparer le terrain afin de tenir un discours clair et logiquement structuré. De la même manière, une petite séance d’entraînement peut vous aider à avoir tous les mots utiles à disposition le moment venu. Mais comment préparer une conversation ordinaire, dont on ne sait jamais à l’avance où elle va nous mener ? Tout simplement, en s’entraînant à apprendre des synonymes et à décrire les mots au lieu de les traduire. Lorsque, par exemple, vous découvrez pour la première fois le terme chatterbox, essayez d’en comprendre le sens à l’aide de périphrases simples, en anglais : „A person who likes to chatter, someone who talks a lot, a blabbermouth, a gabber, a jabberer, a tattletale, a bigmouth“ – si vous saisissez par ce biais la signification du mot chatterbox, inutile de passer par sa traduction exacte, « pipelette ».

Si vous apprenez grâce à un tandem, variez les plaisirs et exercez-vous à l’art de la spontanéité, exactement comme ces jeunes comédiens qui apprennent dès leurs débuts à improviser sur scène. Le jeu est indéniablement un excellent moyen de stimuler la motivation : on peut par exemple imaginer de définir un terme en utilisant le moins de mots possible, ou bien trouver le plus d’associations de mots dans un temps limité.

Jetez-vous à l’eau

Utilisez ce que vous avez appris !

Essayez toujours de réemployer le vocabulaire que vous venez d’apprendre. Et si les occasions sont trop rares, voici quelques options…

Devinette

Cela peut sembler étrange, mais on ne perd rien à essayer de deviner un mot à partir de ce que l’on sait déjà. Pour ma part, je parle couramment anglais alors que mon français est très hésitant. Mais comme 30% du vocabulaire anglophone est d’origine francophone, si je ne connais pas un mot en français, j’ai de grandes chances de tomber juste en prononçant le mot anglais que je connais avec l’accent français. Et si le mot n’est pas le même, je suis souvent suffisamment proche du terme français pour arriver à me faire comprendre de mon interlocuteur. Le but ultime étant, pour la plupart d’entre nous, non pas une parfaite maîtrise de la grammaire mais plutôt de communiquer, on parvient ainsi à se frayer un chemin dans la conversation (anglais : conversation ; français : « heuuu, la conversation ? – exactement, conversation ! »).
L’anglais n’est pas la seule langue avec laquelle on peut jouer aux devinettes : le français étant une langue latine, beaucoup de termes sont proches de l’italien, de l’espagnol, du portugais, et il est toujours utile de tenter sa chance. Idem pour l’allemand, dont beaucoup de mots sont similaires à l’anglais.

Inventez des mots !

Le bricolage linguistique est en quelque sorte une variante de la devinette. Les personnes qui, dans mon entourage, apprennent l’allemand ont souvent beaucoup de succès avec cette technique. Ce n’est pas pour rien que l’on compare l’allemand aux Legos ou au collage :
« Comment dit-on réfrigérateur, déjà ? J’ai oublié… ça garde au froid (kühl), ça ressemble à une armoire (Schrank)… *Kühlschrank ? Exactement ! »
Même si cette technique fonctionne moins bien avec d’autres langues, il est toujours plus facile pour votre interlocuteur que vous deviniez quelque chose plutôt que rien !

N’oubliez pas le langage du corps !

Vous êtes allé déterrer des synonymes dans les recoins les plus sombres de votre mémoire, vous avez joué sans succès aux devinettes, vos mots faits maison sont restés sans réponse… Rien à faire… Vous allez maintenant devoir mettre les bouchées doubles et vous employer physiquement à vous faire comprendre ! Les bras, les jambes, les grimaces… tout est bon à prendre. La bouche peut là encore faire des miracles grâce à l’infinité de sons qu’elle peut produire et qui sont propres à imiter ce que vous voulez exprimer. Pensez à ces acteurs de films muets qui, il n’y a pas si longtemps de cela, arrivaient à raconter une histoire sans avoir recours à la parole… À votre tour, faites le show à votre interlocuteur : quel était le mot pour « canard », déjà ? Impossible de vous souvenir ? Faites une ombre chinoise ! Accompagnée d’un « coincoin » bien senti, le résultat est garanti. Et le mot pour « oie » ? Rajoutez un long cou à votre canard, remuez un peu du derrière et vous verrez immédiatement fuser les réactions ! Ma propre mère emploie systématiquement ces techniques lorsqu’elle se trouve face à une barrière linguistique, et ce avec n’importe qui. Et bien qu’elle ait déjà secoué les bras un nombre de fois incalculable (en parlant d’oies et de canards…), elle ne s’est encore jamais envolée, arrive toujours à se faire comprendre et elle est réputée et admirée pour sa gestuelle expressive et ses facultés à communiquer. Maman est toujours la meilleure, en langues et pour le reste. Ah et justement, en parlant de maman…

Ayez recours à votre langue maternelle

Cette méthode représente l’ultime recours : le but est de pratiquer une langue étrangère, non pas sa propre langue. Mais si vous devez absolument revenir à celle-ci, imposez-vous une certaine rigueur : revenez à votre langue maternelle seulement pour le mot que vous ne connaissez pas (encore !), et non pas pour le reste de la conversation.

Bonus : Ayez à l’esprit que les gens parlent AVEC vous

D’après Paul Grice et son principe des lois du discours, les personnes ne parlent pas les unes contre les autres mais… surprise… les unes AVEC les autres. Ne vous sentez donc pas gêné si un mot vous échappe. C’est déjà une très belle chose et un grand effort que de s’exprimer dans une langue autre que la sienne. Vos interlocuteurs sauront se montrer patients et encourageants et pourront vous aider à vous faire de mieux en mieux comprendre. N’oubliez jamais le plaisir et la récompense qu’apporte la compréhension mutuelle !

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Katrin Sperling

Katrin (Kat) Sperling est née et a grandi à Potsdam, en Allemagne. Après le lycée, elle est partie vivre à Toronto, au Canada. N'ayant toujours pas reçu de lettre de Poudlard à son vingtième anniversaire elle a dû se résigner à faire face à la réalité en commençant des études en linguistique à l'université de Berlin. Heureusement pour elle, les langues aussi sont magiques et elle se réjouit aujourd'hui d'écrire des articles sur l'apprentissage des langues pour le magazine Babbel.

Katrin (Kat) Sperling est née et a grandi à Potsdam, en Allemagne. Après le lycée, elle est partie vivre à Toronto, au Canada. N'ayant toujours pas reçu de lettre de Poudlard à son vingtième anniversaire elle a dû se résigner à faire face à la réalité en commençant des études en linguistique à l'université de Berlin. Heureusement pour elle, les langues aussi sont magiques et elle se réjouit aujourd'hui d'écrire des articles sur l'apprentissage des langues pour le magazine Babbel.