Semaine de la Francophonie : quelles sont les principales langues régionales en France ?

Occitan, breton, corse… quelles langues régionales sont parlées en France ? Quelles initiatives leur permettent de se transmettre de génération en génération ? Découvrons-le ensemble avec un tour de France linguistique à travers nos belles régions !
Occitan, breton, corse… quelles sont les principales langues régionales en France ? Suivez-nous dans un tour de France linguistique !

Savez-vous combien y a-t-il de langues régionales en France ? Pas moins de soixante-quinze ! Parfois appelés patois, terme jugé péjoratif qui tend à disparaître, ces parlers régionaux reflètent la diversité culturelle du territoire. Certains risquent de disparaître dans une ou deux générations tandis que d’autres réussissent à trouver un nouveau souffle. Célébrons ensemble la richesse linguistique de notre beau pays et découvrons les spécificités des langues régionales en France métropolitaine… et au-delà des mers et des océans !

Faisons le point ! Au sens strict du terme, un dialecte est considéré comme la variante locale d’une langue nationale, avec des modifications lexicales et grammaticales. En Belgique (et à Dunkerque), le flamand est un dialecte du néerlandais. On parlera plutôt de langue régionale lorsque les différences sont trop nombreuses pour permettre une compréhension avec les locuteurs de la langue majoritaire. En Espagne (et à Perpignan), le catalan est bel et bien une langue régionale et non un dialecte de l’espagnol.

L’occitan

Nombre de locuteurs estimés : au moins 1 million

« Estacion venenta : Capitoli. Atencion davalada a esquèrra »… « Estacion terminus, totes los passatgiers son convidats a quitar lo tren »… Dans le métro de Toulouse, les annonces en occitan suivent celles en français. La ville rose, soucieuse de préserver son héritage linguistique, a opté pour une politique bilingue. Les noms de rues sont affichés en français et en occitan. À Pau, le festival Hestiv’Òc célèbre la culture occitane et sa langue. Depuis 2013, la chaîne ÒC tele diffuse même des programmes en occitan ! Un peu partout en Occitanie, l’occitan rejoint les programmes des écoles primaires, collèges et lycées. Pour s’assurer ainsi un avenir aussi radieux que son climat.

– L’alsacien

Nombre de locuteurs estimés : 800 000

Les Alsaciens disposent de leur propre organisme linguistique et culturel : l’OLCA (Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace). Il est chargé de la transmission de l’alsacien, parler germanique relativement proche de l’allemand, à travers divers projets, événements et autres initiatives. Si près de 75 % des plus de 60 ans parlent l’alsacien, la statistique chute à moins de 25 % chez les 30 à 44 ans. Les écoles bilingues, privées comme publiques, constituent le premier relai de cette langue régionale.

– Le picard

Nombre de locuteurs estimés : 700 000 (dont 200 000 en Belgique)

On l’appelle ch’ti dans le nord. Le picard n’est peut-être pas la langue régionale la plus sexy de l’Hexagone mais son accent singulier lui confère malgré tout quelque chose d’irrésistible. Plus que des chuintements, des « a » écrasés, des « ui » transformés en « oui » et des terminaisons avalées (eul’tab’deul’couisine, « la table de la cuisine »), le ch’ti dispose d’un lexique propre. D’ailleurs, oubliez le mot biloute, popularisé par Bienvenue chez les Ch’tis ! Dîtes plutôt, ché nin, mi! (je ne sais pas, moi !) ou ti, t’as toudis raison, d’façon, on peut rin t’dire ! (toi, tu as toujours raison de toute façon, on ne peut rien te dire) pour paraître plus naturel. Parole de ch’ti ! Si le picard est de moins en moins pratiqué par les jeunes, cette langue régionale peut compter sur sa popularité à l’écran pour trouver un nouveau public. Saluée par la critique pour sa description tendre (et poétique à sa manière) du dialecte des Hauts-de-France, la série P’tit Quinquin du ch’ti Bruno Dumont regorge d’expressions et d’intonations typiques du nord.

– Le breton

Nombre de locuteurs estimés : 200 000

Langue celtique défendue par l’Ofis publik ar brezhoneg (Office public de la langue bretonne), le breton est en net déclin. La campagne Ya d’ar brezhoneg (Oui à la langue bretonne) de l’organisme vise à promouvoir l’usage du breton. Parmi les idées mises en avant : des sites internet en breton, des entretiens de recrutement bilingues ou encore l’organisation de spectacles en breton. Depuis 1977, la région tente de redynamiser l’attrait pour sa langue avec les écoles Diwan. Leur mission est de diffuser l’apprentissage de la langue de la maternelle au baccalauréat. Aujourd’hui, le réseau compte un peu plus de 4 300 élèves.  Les parents d’élèves s’organisent eux aussi pour le maintien de leur patrimoine linguistique avec les associations « div yezh Breizh » et « Dihun ». Notons que le breton est à l’origine de nombreux mots français, et pas seulement menhir et dolmen. Bijou, croissant, goéland, califourchon et plouc sont autant d’exemples variés. Les mots pour pain (bara) et vin (gwin) ont même donné le verbe… baragouiner !

– Le normand

Nombre de locuteurs estimés : 100 000

Le premier Festival de l’Excellence Normande (FÊNO) a été organisé à Caen en 2019. L’objectif est clair : sauver la culture et les parlers normands. Jugé « sérieusement en danger » par l’UNESCO, le normand ne peut-être que nostalgique de son passé glorieux… lorsqu’il était encore suffisamment puissant et étendu pour influencer les conversations à la Cour d’Angleterre ! Aujourd’hui encore, le jersiais, un dialecte normand, est reconnu langue officielle de l’île de Jersey, aux côtés de l’anglais et du français. Un statut essentiellement symbolique. La légende raconte que les Inuits disposent d’une avalanche de mots pour désigner la neige. En normand, c’est une averse de mots qui désigne la pluie :

puchie, entre la pluie et l’averse ;

ondaée ou tapaée, une légère averse ;

harée, pichée ou dégelée, une averse prolongée ;

chilaée, une (très) grosse averse, vous savez quand « il pleut à vache (normande) qui pisse » ;

grêlaée, une averse de grêle…

Ne serait-ce que pour cette cascade lexicale, il vaut assurément le coup de s’unir pour la survie du normand !

– Le corse

Nombre de locuteurs estimés : 100 000

Le corse est traditionnellement considéré comme un dialecte de l’italien et non du français. Il s’agirait plus précisément d’un dialecte toscan. En revanche, depuis plusieurs décennies déjà, le corse tend à être reconnu comme une langue à part entière. L’engagement pour son enseignement et son rayonnement, notamment à l’école et à l’université, est particulièrement fort. Le collectif Parlemu Corsu est l’un de ses principaux défenseurs. Il s’agit d’une des langues régionales les plus actives de France. Et comme toutes les langues vivantes, le corse n’échappe pas à certaines évolutions. Regretté par certains, le francorsu (mélange de termes corses et français, au même titre que le franglais) gagne pourtant en popularité.

– Le tahitien

Nombre de locuteurs estimé : environ 60 000

À plus de 15 000 kilomètres de Paris, Papeete défend déjà sa culture par son nom. Littéralement « panier à eau » en tahitien, le chef-lieu de la Polynésie française fait perdurer sa tradition linguistique. Le tahitien est certainement la langue régionale la plus exotique et la plus distinctive de France ! Elle appartient en effet à la famille des langues austronésiennes, aux côtés du malgache et de l’indonésien. Au quotidien, le tahitien occupe une place importante dans la société polynésienne. Que ce soit dans les discussions, dans les noms des partis politiques ou dans les prénoms. Moana (Prince des Océans), Vaiatiare (Fleur d’Eau) ou Vaiana (Eau de Roche), rendu célèbre par Disney il y a quelques années, sont des prénoms tahitiens courants encore donnés aujourd’hui. Dans l’espoir de conserver cette langue régionale et de la transmettre aux générations futures, elle est enseignée à l’école sur l’archipel. Parmi les mots tahitiens qui ont trouvé leur chemin jusque dans le dictionnaire de la langue française, citons paréo, tiaré, monoï et bien sûr vahiné !

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Le créole réunionnais

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