6 mots français récemment entrés dans le dictionnaire

À tous ceux qui décrient la langue française, qui dénoncent son déclin imminent et son anglicisation galopante, qui prétendent que plus personne ne sait parler correctement de nos jours… ce message s’adresse à vous.

Illustrations d’Adélaïde Laureau

Tous les jours, à la radio, dans les journaux ou sur les plateaux de télévision, on entend les pourfendeurs de l’anglicisation annoncer la mort imminente de notre belle langue française.

Certes, des mots désuets et devenus hors d’usage disparaissent régulièrement de la langue orale. Certes, on a récemment réformé la grammaire et l’orthographe françaises, mesure que certains considèrent comme une simplification incohérente, voire dangereuse. Toutefois, les conclusions tirées ne sont-elles pas un peu hâtives ? Après tout la langue française n’a jamais cessé d’évoluer. Et c’est tant mieux, car le propre d’une langue vivante est justement de s’adapter aux usages et aux évolutions, de s’enrichir lexicalement afin de pouvoir nommer et décrire de nouveaux phénomènes, d’être perméable aux influences extérieures pour mieux s’en nourrir. Il ne s’agit pas d’un déclin, mais d’une nécessité, voire même d’une chance. Qui souhaiterait encore écrire aujourd’hui comme Rabelais : « A celly qui attendre peult, tout vient à temps » ?

Afin de prouver que l’évolution du français est aussi une adaptation nécessaire à des phénomènes actuels, voici une liste de mots nouvellement entrés dans le dictionnaire Larousse, et dont on ne saurait se passer aujourd’hui.

1. COMPLOTISTE

Tandis que zadiste, europhobe et autres « antisystèmes » font aujourd’hui partie du vocabulaire courant et ont été adoubés comme tels, les « complotistes » sont également mis à l’honneur dans l’édition 2017 du Larousse. Les adeptes des théories du complot, des vérités cachées et autres dénonciateurs des zones obscures de la société et des médias ont désormais un titre officiel. Un premier pas vers le système ?

2. ÉCOCITÉ

Plus gaies et prometteuses que les complotistes, les « écocités » (contraction d’ « écologie » et de « cité ») désignent des projets d’aménagement urbain durable, répondant à des objectifs écologiques ambitieux, notamment en matière de transport, d’énergie et d’architecture.

Quelques exemples de projets « ville de demain » : la Plaine de l’Ourcq, Metz métropole, Toulouse métropole.

3. NOMOPHOBIE

« Nomophobie » est un mot-valise plutôt étrange, puisant ses sources à la fois dans les époques les plus anciennes (« phobie » signifie peur, en grec ancien) et les plus récentes, puisque « nomo » ne se rapporte pas à la loi (« nomos » signifie loi, en grec ancien), mais vient de la contraction des premières syllabes de « no more smartphone » (fini les Smartphones). « Nomophobie » désigne donc la peur irrationnelle d’être séparé de son téléphone portable. Et puisque « nomophobie » a désormais sa place dans le dictionnaire, à quand l’entrée de « smombie » (smartphone zombie), pour lui tenir compagnie ?

4. UBÉRISATION

Du nom de l’entreprise Uber, l’« ubérisation » est un terme plus largement utilisé aujourd’hui pour désigner une nouvelle forme d’économie rompant avec le modèle traditionnel du salariat dans l’entreprise.

5. TWITTOSPHÈRE

Encore un terme qui doit sa naissance à l’ère du numérique : la « twittosphère » désigne l’ensemble des contenus de moins de 140 caractères, publiés par les adeptes du réseau Twitter, qui regroupe des utilisateurs aussi divers et variés que des geeks, des trolls, des stars, des politiques… et j’en passe. Le café du commerce 2.0, en quelque sorte.

6. S’ENJAILLER

Pour finir, voici un joli mot tout neuf (ou presque), qui nous vient de Côte d’Ivoire et ne signifie rien de moins que « faire la fête ». Lorsqu’on le prononce, le terme rappelle effectivement le son de « joyeux », ou « enjoué ».

Sur ces belles paroles, amusez-vous bien !

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Marion Maurin

Avec une mère allemande venue s’installer en France à 21 ans, naturalisée quelques années plus tard et qui a élevé ses enfants en français, les origines germaniques de Marion étaient bien enfouies. Alors à 21 ans, elle a pris le chemin inverse et est venue s’installer en Allemagne pour y poursuivre ses études de philosophie. Elle travaille aujourd’hui comme traductrice indépendante.

Avec une mère allemande venue s’installer en France à 21 ans, naturalisée quelques années plus tard et qui a élevé ses enfants en français, les origines germaniques de Marion étaient bien enfouies. Alors à 21 ans, elle a pris le chemin inverse et est venue s’installer en Allemagne pour y poursuivre ses études de philosophie. Elle travaille aujourd’hui comme traductrice indépendante.