5 écrivaines et écrivains russes à lire en 2020

Vous êtes à la recherche de bons romans pour cocooner pendant l’hiver et survivre au manque de lumière ? Voici cinq écrivaines et écrivains russes que vous allez apprécier.
Voici 5 écrivaines et écrivains russes à ajouter à votre liste de lecture cette année !

Ce ne sont pas les bibliophiles qui diront le contraire : la littérature russe est fabuleuse ! Si vus de France les ouvrages russes peuvent sembler poussiéreux et rébarbatifs, c’est tout l’inverse en Russie : en effet, les écrivaines et écrivains russes sont très populaires, y compris chez les plus jeunes.

Rien d’étonnant : la Russie d’aujourd’hui a vu naître des écrivaines et écrivains russes vraiment passionnants. Nous ne saurions que vous conseiller d’en ajouter au moins cinq sur votre liste de lecture. Voici notre sélection d’auteurs russes à lire en 2020 ! 

Le dramaturge : Anton Tchekhov (1860-1904)

Peut-être le plus prolifique des écrivains russes. En 23 ans d’écriture, Tchekhov a réussi à donner naissance à plus de 600 nouvelles, pièces de théâtre et récits éblouissants, tout en exerçant pleinement sa profession de médecin de campagne ! Figure du panthéon des écrivains russes, Anton Tchekhov aime narrer la vie de petit-bourgeois dans la province russe à la fin du XIXe siècle. On y rencontre pêle-mêle le péché, l’ennui et la déchéance mentale. Ainsi, les protagonistes de ses récits sont la plupart du temps issus de la bourgeoisie de province, cramponnée à ses propriétés et condamnée à l’inertie.

Contre toute attente, c’est dans ce désespoir même que réside la dimension comique de son œuvre. À la lecture de ces textes, le divertissement est garanti. Grâce à sa plume brillante, ses personnages, qui sont de magnifiques créations littéraires, semblent plus vrais que nature. Fait notable, ce maître de la nouvelle n’a jamais écrit le moindre roman. Ses portraits et études de caractère, remarquables de précision, ont énormément influencé la naissance de la nouvelle moderne et du théâtre.

  • Conseil de lecture : La Mouette (1895) : Une communauté de gens très différents se retrouve dans une propriété à la campagne. Insatisfaits et malheureux en amour, ils s’efforcent de passer le temps.

La poétesse : Anna Akhmatova (1889-1966)

Anna Akhmatova est l’une des plus grandes poétesses russes. Avec son mari, l’écrivain russe Nikolai Goumilev, Anna Akhmatova a été l’une des représentantes de l’acméisme, un mouvement littéraire du début du XXème siècle qui se distingue du symbolisme par sa revendication d’un langage clair et concret. Les poèmes d’Anna Akhmatova sont souvent courts et directs. Recourant à des mots simples, elle évoque les événements de la vie quotidienne, emplie d’une profonde douleur ou d’un grand amour.

Dans l’Union soviétique postrévolutionnaire, ses poèmes sont interdits de publication, jugés comme étant socialement trop peu pertinents (du point de vue de la propagande bolchévique). Nikolai Goumilev, Le mari d’Anna Akhmatova, a d’ailleurs été exécuté par les bolcheviks. Son deuxième époux, Nikolaï Pounine, ainsi que son fils, ont été arrêtés dans les années 30. Beaucoup de poésies d’Anna Akhmatova sont ainsi imprégnées de l’angoisse et de l’inquiétude qu’elle éprouve pour ses proches.

Les poèmes qu’elle a écrits pendant les purges staliniennes sont pour la plupart des déplorations, empreintes de désespoir. Il faut ainsi attendre 1940 pour que ses poèmes soient de nouveau publiés, suscitant de vives altercations dans les librairies à cause du nombre trop faible d’ouvrages disponibles. De nos jours, Anna Akhmatova est considérée comme l’une des écrivaines russes les plus importantes de l’âge d’argent russe (début du XXème siècle).

  • Conseil de lecture : Poème sans héros (1963) : Ce récit poétique en vers rend hommage aux amis et aux connaissances qui sont morts pendant le siège de Leningrad (actuellement Saint-Pétersbourg) entre 1941 et 1944.

Le satiriste : Mikhaïl Boulgakov (1891-1940)

Mikhaïl Boulgakov est né à la fin du XIXe siècle à Kiev, aujourd’hui capitale de l’Ukraine mais qui faisait à l’époque partie intégrante de l’Empire russe. Il travaille en tant que médecin pendant la Grande Guerre, puis déserte l’armée. Après la fin de la Première Guerre mondiale, il commence à écrire pour divers journaux moscovites. C’est alors qu’il publie ses premières pièces en prose. Censurés à partir de 1930, ses textes et ses livres cessent d’être publiés et ses pièces de théâtre ne sont plus jouées.

En effet, ses satires sont jugées trop critiques à l’égard de la société, et le regard moqueur et lucide qu’il porte sur la politique et les pratiques de surveillance mises en place par l’Union soviétique naissante lui attire les foudres de la censure. Cette situation n’a pas changé du vivant de Boulgakov. Il faudra attendre des années après sa mort pour que ses livres soient publiés. Ce qui frappe à la lecture de l’œuvre de Boulgakov, c’est sa peinture mordante et grotesque de la vie quotidienne soviétique, ainsi que l’absurdité qui en émane.

  • Conseil de lecture : Le Maître et Marguerite (1940) : Boulgakov a travaillé pendant presque 13 ans à l’élaboration de ce chef-d’œuvre, qu’il n’achève que peu de temps avant sa mort. Dans ce roman situé au début du XXe siècle, le diable se rend à Moscou et y sème partout la confusion.

Le visionnaire : Ievgueni (en français : Eugène) Zamiatine (1884-1934)

Le Meilleur des mondes de Huxley et La Ferme des animaux d’Orwell sont deux œuvres emblématiques du genre dystopique : ces romans dépeignent des sociétés imaginaires situées dans le futur, et les mondes terrifiants qu’ils décrivent peuvent être perçus comme les transcriptions littéraires de régimes dictatoriaux. Toutefois, rares sont les lecteurs qui savent que ces deux œuvres ressemblent beaucoup au roman d’un écrivain russe écrit des années auparavant, Nous autres, lequel a été réédité en français sous le titre Nous, en 2017. Cet écrivain russe s’appelle Ievgueni Zamiatine.

Né en 1884 en Russie centrale, Zamiatine se rallie très tôt aux bolcheviks et prend activement part à la Révolution d’octobre en 1919. Pourtant, il est rapidement déçu par la violence et la mise au pas qu’il observe massivement autour de lui. Son premier roman, Nous, écrit en 1920, se nourrit de ses réflexions et de tout ce qu’il a ressenti au cours de cette période. Le monde fictionnel dans lequel il nous plonge est régi par un État imaginaire, situé dans un lointain avenir, où règne l’égalité la plus parfaite. L’individu n’a aucune valeur, seule la collectivité compte. Ce roman brille par sa mise en évidence des parallèles qui existent entre le monde qu’il dépeint et le régime soviétique, tout comme la personne du dictateur Joseph Staline, alors que ce dernier n’a pris le pouvoir que sept ans plus tard.

Malheureusement, cette critique indirecte à l’égard du régime naissant de l’Union soviétique vaut à Zamiatine d’être interdit de publication. Il émigre à Paris en 1931, où il vivra jusqu’à sa mort. Nous paraît en 1925 à l’étranger (dans les pays non soviétiques), mais il faudra attendre 1988 pour qu’il soit publié en Union soviétique. Huxley et Orwell étaient tous deux des lecteurs enthousiastes de l’œuvre de Zamiatine, et s’en sont partiellement inspirés pour leurs récits.

  • Conseil de lecture : Nous (1920) : Dystopie décrivant une société formatée, entièrement contrôlée par un régime totalitaire.

La penseuse : Irina Scherbakowa (*1949)

Cette écrivaine russe singulière se distingue d’abord par ses publications en tant qu’historienne et journaliste. Irina Scherbakowa est née à Moscou en 1949. Elle a rédigé de nombreux articles pour divers journaux, et enseigné à l’Université de Moscou. Ses domaines de recherche couvrent notamment le totalitarisme, le stalinisme et l’histoire orale (Oral History : l’histoire transmise oralement). Elle est présente dans beaucoup d’institutions internationales et est éminemment respectée pour ses travaux en tant que journaliste et chercheuse.

Dans les années 80, elle a été l’une des initiatrices de Memorial, l’organisation russe célèbre œuvrant pour la défense des droits de l’homme. Irina Scherbakowa compte parmi les quelques rares voix féminines qui ont une résonance sur le territoire allemand, et pas seulement en Russie. Elle s’exprime avec beaucoup d’acuité sur la situation politique et culturelle, notamment dans son autobiographie remarquable, Die Hände meines Vaters (litt. : Les mains de mon père). Dans ce texte, elle dépeint la vie de sa famille à Moscou. Il s’agit d’un livre résolument contemporain, dont nous recommandons vivement la lecture, si toutefois vous parlez allemand. En plus, il recèle de références littéraires (russes) !

  • Conseil de lecture : Der Russland-Reflex (2015, non traduit en français) : Scherbakowa et le célèbre historien spécialiste de l’Europe de l’Est et de la Russie, Karl Schlögel, discutent de leurs pays de naissance respectifs, ainsi que des rapports entre la Russie et l’Allemagne ; Die Hände meines Vaters (2017, non traduit en français) : la lecture de cette saga familiale épique, qui se déroule dans le Moscou du XXe siècle, est captivante. 
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